Le 13 août 2021, Paul Camps (ancien Président et membre du Cercle Nautique de Sciez et Pierre Yves Rollin, membre de la SNLF et Vice-Président Léman du CDV74) ont pris le départ de la Transquadra Méditerranée, course transatlantique à la voile réservée aux amateurs de plus de 40 ans et qui se court en solitaire ou en double. C’est une aventure de 4000 milles nautiques soit près de 6500 km ! En deux étapes : 13 août, départ de Marseille ou Lorient jusqu’à Madère et le 29 janvier 2022 de Madère jusqu’à Marin en Martinique. Au total, ce sont 83 équipages inscrits sur des voiliers de longueurs comprise entre 8,50 et 12m. Ils ont achevé la première étape jusqu’à Madère le 23 août après 10 jours et 4 heures de navigation.
Les deux Haut-savoyards ont souhaité apporter un caractère solidaire à leur participation. Ils se sont rapprochés de l’association A Chacun Son Everest (ACSE), qui accompagne des enfants et des femmes en rémission d’un cancer, pour les aider à affronter la phase délicate de l’après-cancer afin qu’ils puissent retrouver confiance, joie de vivre et un nouvel élan de vie. L’association est basée au coeur de Chamonix et est dirigée par Christine Janin, première française a avoir gravi l’Everest.
Une collecte de dons au profit de ACSE a été créée avec pour objectif de récolter au moins 1euro par mille nautique parcouru soit 4000 euros.
Leur voilier, numéro 283, portera le nom ACSE pour toute la durée de la course. Grâce à la balise embarquée, vous pourrez connaître à tout moment leur position et suivre leur progression en consultant le site internet de la Transquadra (onglet « cartographie »).
Le site de la collecte est accessible via le lien suivant : Naviguons en Solidaire pour ACSE
Le CDV74 accompagnera les enseignants qui souhaitent proposer à leurs élèves un projet pédagogique de suivi de course, pour la deuxième étape, en janvier prochain !
Paul et Pierre-Yves nous partagent ici quelques anecdotes de leur journal de bord :
En tête de la course pendant les premières heures, ACSE est le premier voilier à sortir de la baie de Marseille.
Entre Tarragone et les Baléares, nous traversons de nuit un phénomène météorologique insolite: subitement l’air devient incroyablement brûlant, la nuit devient jaune, des libellules viennent mourir sur le pont et le vent monte avec une extrême violence jusqu’à plus de 100 km/h. Les journalistes titrent: « l’air était brulant mais leurs récits sont glaçants »…
Une mauvaise manœuvre et nous déchirons notre spi léger. Absence totale de vent en Mer d’Alboran, cette maladresse nous coûte chère au classement.
Dauphins, globicéphales, baleines et tortues viennent adoucir notre calvaire en Mer d’Alboran. Le souffle des dauphins m’accompagne plus de trois heures pendant mon quart de nuit.
Tristesse également quand nous croisons la route des migrants qui s’élancent du Maroc vers l’Espagne sur de frêles embarcations gonflables, surchargées et survolées par les avions des gardes côtes espagnoles.
Mémorable passage du détroit de Gibraltar, côte espagnole, à l’aube, louvoyant sous spi à travers le rail des cargos et contre le courant. Puis c’est l’entrée dans l’Atlantique, tout émus, on a les larmes aux yeux.
Les Go-Fast, vedettes rapides des narcotrafiquants ne sont jamais bien loin, ramassant de mystérieux paquets dans le sillage des cargos…
L’option côte espagnole au détroit nous permet de reprendre trois places au classement, vent soutenu, mer bien formée, regonflés a bloque pour la dernière ligne droite vers Madère… et puis coup du destin : le support du vérin du pilote automatique cède dans la nuit, vice de construction. S’en suivent trois jours à se relayer à la barre jour et nuit, toutes les heures et sans quitter nos cirés.
Puis c’est l’arrivée, sous le beau soleil de Madère, épuisés, forcément un peu déçus d’avoir reperdu les trois places au classement, mais heureux d’être arrivés au bout de cette fabuleuse épreuve. Sur 16 bateaux au départ, ACSE se classe finalement 11eme en temps compensé.
On pense à tous ceux qui ont rendu l’aventure possible: nos conjointes, nos familles, les amis, tous ceux qui nous suivent et nous encourage depuis le début de ce projet.
Depuis la semaine dernière ACSE est stocké au sec sous la piste de l’aéroport de Funchal. Nous le retrouverons fin janvier pour la deuxième étape: une quinzaine de jours de course pour parcourir les 2650 miles qui séparent Madère du Marin en Martinique avec cette fois 83 voiliers sur la ligne de départ.