Baptiste Gully, licencié à la SRVA et Champion du Monde esailing par équipe
Quel voileux es-tu?
J’ai 40 ans, je suis originaire de la Rochelle et annécien depuis 2008. Je continue de naviguer pour le plaisir à côté de ma pratique en voile virtuelle, en moth europe, habitable et Hobbie, sur le lac d’Annecy mais aussi à la Rochelle et en Méditerranée. J’ai été licencié à mon arrivée au VPV (Veyrier Planche à Voile) et je suis désormais à la SRVA (Société des Régates à Voiles d’Annecy).
Quel est ton parcours sportif ?
J’ai fait mes débuts en optimist en Vendée, dans un petit club familial et j’ai continué cette série jusqu’à mes 15 ans. Après un bref passage en laser, je me suis lancé en double, en 420. Nous avons terminé 10è aux Championnats du monde 420 en team racing en 1999. J’ai arrêté la compétition autour des 22 ans après une saison en 470.
C’est à un dîner chez des amis, en 2012, que j’ai découvert la course au large sur Virtual Regatta, à l’occasion du Vendée globe. J’ai vite compris qu’appliquer le mode ado-refus ne suffirait pas ici pour gagner (rire). Je me suis spécialisé en Inshore (régate sur parcours) et je me suis entraîné dur.
Cette préparation a payé puisque j’ai réussi à rester n°1 mondial de 2015 à 2018 et j’ai participé à deux championnats du monde, le premier en Floride en 2018, et le 2è aux Bermudes en 2019. L’année dernière, avec le team France, j’ai remporté la Nation’s Cup, Championnats du monde par équipe, qui réunit les 10 meilleurs joueurs de chaque fédération. La compétition s’est déroulée selon plusieurs formats et sur plusieurs supports.
Pour un retour en vidéo sur la finale (commentée !)
Est-ce qu’on peut parler de professionnalisation de la voile virtuelle ?
Au lancement des jeux virtuels, en 2010, on comptait entre 10 et 15 000 joueurs. On en compte maintenant environ 130 000 !
Il y a eu un vrai tournant en 2018, lorsque la World Sailing (institution internationale en charge de la voile) a proposé le premier championnat du monde de esailing. Pour se sélectionner, les 1000 meilleurs joueurs mondiaux ont participé à une semaine de régate pour faire 30 manches. Les 8 premiers ont été invités en Floride, tous frais payés, pour régater face à face sur une scène, avec commentateur en direct. Le gagnant de cette compétition a remporté un chèque de 10000€. C’était une super expérience, qui prouve que les joueurs de esport sont de vrais athlètes !
Dans la continuité de cette structuration de la voile virtuelle, plusieurs structures de esport se sont intéressées à la voile virtuelle et ont proposé des rémunérations aux joueurs. Ces équipes internationales sont de vrais tremplins.
Chaque fédération nationale s’est aussi structurée. Chez nous, le pôle esailing France fédère la communauté esailing et permet d’échanger des conseils, organiser des régates d’entraînement. Cette vie très active des joueurs de esport est une grande force. Même si la FFV accompagne le développement de l’esailing, la plupart des initiatives sont directement portées par les joueurs.
Points communs et différences entre les deux disciplines, réelle et virtuelle ?
Pour devenir un des meilleurs joueurs mondiaux, il faut la même rigueur en voile virtuelle qu’en voile réelle. Il faut naviguer tous les jours pour étoffer son capital d’expériences, de situations de confrontation. Il y a aussi un temps important pour analyser et exploiter les subtilités du moteur du jeu sur certaines situations (auloffée, passage de bouées etc…). C’est la répétition des entraînements qui permet de maîtriser tous ces éléments.
Les joueurs de esport ont aussi besoin de préparation mentale. La tension sur une ligne de départ en finale est la même devant un ordi que sur l’eau.
Les conditions de jeu (connexion internet, ordinateur/tablette, environnement…) sont aussi très importantes au même titre que la préparation de son bateau et la connaissance de son support.
L’avenir de la voile virtuelle selon toi ?
Sur le plan national, la FFV a annoncé lors du dernier salon nautique que le Trophée national deviendrait dès 2022 un championnat de France officiel. Le esailing est donc désormais une discipline officielle reconnue au niveau fédéral !
Sur le plan international, les premiers OVS (Olympic Virtual Series) ont été lancés en 2021. Le CIO (Comité International Olympique) s’intéresse de près depuis quelques années au développement des nouvelles pratiques et tendances. On espère vraiment qu’une présentation des jeux de esport sera faite à l’occasion des JO de Paris 2024, pour une éventuelle intégration en 2028 !
Tes projets à venir ?
J’ai pris du recul par rapport à la compétition ces derniers temps, faute de temps. Je me concentre sur les principaux rendez-vous sportifs. Je suis également invité à intervenir de temps en temps sur des évènements, en tant que consultant et commentateur. J’apprécie vraiment partager mon expérience et ma passion pour la voile, auprès des jeunes et des moins jeunes !